Par-delà l'espace et le temps


Réflexions multiples au sujet de ma thèse comme des chocs cherchant leurs résonances avant de trouver leur agencements théoriques... 

Ce questionnement alimente régulièrement le journal d'une effectuation. 

Les formulations sont quelques fois incertaines, leurs spontanéités peuvent servir mon propos, mais elles seront souvent soumises à une réécriture... Actuellement, ce carnet reste sauvage, non corrigé, non rédigé... Toutefois en recopiant mon écriture déplorable, j'opère sans le vouloir vraiment une première réécriture. 

Je marche, je me questionne, me rappelle ou réfléchi sur la poétique de la mémoire (le 15/09/2019 entre 11h et 12h).

Question de l'homme-son: l'âme son âge est-il celui des étoiles?
Cela sous-tend que le poète à la possibilité de les pêcher. Un acte traversant qui renvoie à la perception, à la collecte en tant que leçon de sons. 
Mais comment faire, car le son est absent de l'espace (pas de son sans support)? Reste la poétique de la représentation: le mot, l'instrument, la corde, les cordes, le corps, les cors... Reste à considérer un espace mental... et la leçon devient une cueillette poétique. Percevoir pour comprendre Au risque de se perdre (roman de gare de Kathryn C. Hulme).
Comprendre ou essayer... en dépliant À rebours (J.K. Huysmans), mais jusqu'où? Jusqu'à la première cause et au premier effet, mais qui est quoi? C'est l'éternelle question de la poule et de l'oeuf en remontant 13 ou 14 milliards d'années en un temps d'avant le temps, où bien évidemment il n'y avait ni poule ni oeuf, mais sans doute des micros formes. Etaient-elles segments, ondulations, vibrations, cordes, rotondités...?
Humanide un concept récent.  
Artification, un mot récent.
Alors pourquoi cette réflexion proposée, cette théorisation décidée en forme de thèse et présentement (comme on dit au Quebec ou en Afrique francophone), en forme de conférence-opéra?
Cette conférence-opéra racontera une histoire, un conte existentiel à travers l'espace et le temps reliés à une vie d'homme, en utilisant l'art du Contrepoint De Formes (CDF), c'est à dire une poésie plurielle conjuguée où l'étymologie sonore de la langue occupera une place importante. 
Cette thèse sera ni plus ni moins qu'une pensée écrite dans un lieu, par un individu, à un moment de l'histoire, avec obligation de ne pas dire  ce qui a déjà été dit. Le dire autrement ne suffit pas, il faudra dire et proposer un autrement. Donc, l'individu (c'est moi) devient poète-pluriel afin de réaliser la tâche qui lui incombe mais qu'il n'a pas décidé(Wittgenstein) puisqu'elle s'est imposée à lui. Il est là pour dire autre chose et d'une autre façon. 
L'originalité du poète-pluriel et de ses productions étant légitimées par son ipséité, son idiosyncrasie, il lui reste à inventer la forme, en l'occurence à magnifier les trois champs convoqués (imaginal, textuel et sonore) dans leur qualité autonome et complémentaire pour en faire une forme grosse de l'ensemble des champs et résonant sur des points nodaux situés à l'intersection. Par exemple, le geste qui produit un son instrumental dans l'interprétation d'un texte se trouve à ce moment précis sur trois champs en même temps : le sonore, le visuel et le textuel. C'est à partir de ce point que se conjugue le contrepoint qui savamment tisse, superpose, ouvre et chevauche les sens sensibles et sensés. L'ouië flirte avec la vue, et le mental interprète car le mot le nourrit. Ainsi, l'intellect et la pure perception relevant du sensible (le sens et le sensible) cheminent de concert. Si on travaille également avec l'odorat pour proposer non des interprétations mais un état contemplatif (méditative), tout est réuni pour réussir à transmettre trans (traversé) mettre au service du passage un pont entre extérieur (ce qui nous dépasse mais qui entre en nous) et intérieur (un contenant aux potentialités sans limites...transcendance-immanence ou la transcendance de l'immanence ou encore  l'immanence de la la transcendance...). L'exemple précédent doit être déplié car on pourrait penser que ce qui est raconté n'a rien d'original. On trouve cela chez les bateleurs, les saltimbanques (ceux qui sautent sur le banc) qui souvent émettent geste, musique et textualité dans le même exercice. Certes, il y a texte et texte musique et musique, geste et geste. 
Mais plus que ça, imaginons que la pièce présentée propose un texte poétique en même temps qu'une musique qui aurait sa propre histoire pendant que les gestes la produisant seraient donnés à voir comme dans le concept musique à regarder. Imaginons ensuite que le contrapuntiste déplace les temporalités et fasse entendre ou voir certaines actions pour leur force propre, et les associe de manière évolutive afin qu'un son par exemple associé à un phonème, obtiendra une réunion syncrétique musique-mot-son qui permettra une certaine dramatisation de la langue ou au contraire selon la hauteur, le rythme, un côté amusant voire comique. De même, qu'associer un son à un geste comme la langue des signes cumule pour une meilleure compréhension de l'énoncé un geste et une articulation labiale dans la langue maternelle de "l'auditoire", produira un effet spectaculaire, une sorte de chorégraphie systémique. Si maintenant certains gestes musicaux sont présentés sans le son, nous obtenons une musique du silence.  Pour un texte articulé dans la bouche, mais qui resterait silencieux pour prendre son plus loin, émergeant d'un objet, disons sculptural (la spatialisation et le décalage temporel du sens ouvre une nouvelle forme d'expression entre rêve et réalité enregistré la phrase précédente et la diffuser dans le mime du texte qui suit) un procédé rendu possible par la technologie numérique. 
En mettant en scène les déplacements de temporalité obtenus par l'orchestration en temps réel, pilotée par des mémoires numériques, nous pouvons prétendre à une orchestration générale, celle des formes entre elles qui se tissent comme les ensembles d'un orchestre (bois, cuivres, cordes, percussions...).
Ouvrir l'intérieur, percer le fond, atteindre l'essence, le substrat et y établir un pont. 
Entre l'individu (comme contenant d'un micro univers) et le cosmos dans sa dimension non mesurable, puisqu'il est en perpétuelle extension. 
Un pont vers les étoiles ou une paille pour téter l'azur, celui peut-être dont rêvait Mallarmé dans Le mendieur d'azur. Ainsi révélée, la création devient une autocréation, celle de sa propre perception du processus et de la force qu'elle véhicule. 
Ce qui nécessite un autre regard dans la pleine conscience et dans l'artification. 
Une autre écoute holistique du monde en pratiquant le filtrage, cadrage échelle une organisation entre l'écoute provoquée (celle composée ou proposée) et l'écoute naturelle (prise en compte de l'environnement sonore naturel). 
L'écriture doit aussi être créative dans l'approche conceptuelle et dans sa reception. Il y a des précédents en la matière, notamment chez les oulipiens, mais déjà chez Brisset, Khlebnikov et quelques autres. On peut penser que tout a déjà été fait, mais pas dans le même geste. La différence est là, en conscience... Pouvoir regarder un tableau qui parle et qui résonne (raisonne), qui a une odeur de fleur ou de fumée, qui quelques fois inclus l'écriture dans sa plastique et pour ses sens multiples... vers une sémiotique herméneutisable à l'infini, c'est le secret de la perception de ce type d'oeuvre bien particulier. 
Je marche, je traverse un champ, celui de mon existence. Je le matérialise par une terre sauvage (terrain vague), mais accueillante. Elle est vallonée, les collines ou mornes dessinent par contours un paysage de fantaisie. Le ciel se découpe, il est changeant... Carré bleu, nuage blanc, nuances de gris orangé rose puis plus foncé. La pluie tombe quelque fois inscrivant des cours: rus, ruisseaux, rivières et derrière les mornes... des anses qui abritent la mer. 
Je marche sur le chemin, je change d'aspect, je traverse les âges de ma vie et ceux de l'univers. Mon corps en raconte l'histoire, il est une représentation de la création, ramassée en une vie d'homme. Mais tout y est: l'expansion, l'entropie, les événements marquants provoqués pas les causes, les chocs, et les résonances qui les suivent... Les cadres qui s'accrochent à la mémoire ne sont pas des tableaux mais des fenêtres ouvertes sur les étoiles... Un regard traversant nous est permis si on le chevauche comme font les magiciens lorsqu'ils enfourchent la queue d'une commette. Nous voyageons bien plus vite que la lumière pour tromper l'immobilité ambiante. 
Alors, faisons à travers cette conférence (confère errance) Opéra (opérer dans l'oeuvre, l'inciser en quelque sorte, l'autopsier) une expérience de pensée, où se côtoieraient par-delà l'espace et le temps quelques personnages singuliers?
Marcher en interrogeant ce que pourrait être le thème central de la Conférence-Opéra, bien sûr la thèse elle-même, mais elle approfondirait d'une manière poétique des interrogations majeures existentiales plus qu'existentielles, sur le temps, l'espace et ce qui nous relie d'une manière holistique à la totalité du monde par la matière qui nous constitue particulairement. L'agencement temporel nous fait unique, alors que nos multiples recomposables nous font éternels, appartenant au grand tout que Spinoza appelait Dieu. 

Après quelques kilomètres:

Philosopher autrement... poésie et philosophie... en sciences humaines, il n'y a de vérité que celle du nombre (statistique). Peut-on parler de savoir? Qu'est ce que le bon sens? L'éthique, le libre arbitre, le bien, le mal, le beau, le laid...ça dépend... s'il y a du vent[1]

C'est quoi le vent? Quelque chose comme une souffle qui lève (levant) le souffle, respire, inspire, expire, se meut et meut en tant qu'il déplace, transporte, façonne, sculpte, arrache, caresse, transforme, ensemence la vie... C'est quoi la vie? Au masculin, lavis ça coule, ça forme et transforme l'encre qui justement ne fixe pas, n'arrime pas, comme celle des navires sur l'eau. Encore l'eau qui coule, alors encrer c'est teinter par l'encre, coloration de l'eau qui coule sur le support, mais est-il au dessus du port ou supporte t-il le port que chacun porte en lui? On revient au port dit-on, encore le "on", celui de la dictature du "on" qui est le sens populaire rayé par l'intellectuel qui pense être le seul à penser justement. Il dépense mais en comptant son savoir appris dans les livres, un savoir à béquille dans un jeu où les boules sont nombreuses et déboulent très vite faisant voler les quilles des béquilles, des becquets du savoir. "Le savoir est alors lame retournée" disait Bernard Noël, une lame de mer, de couteau, de sable où l'amas qui fend l'âme qui cherche à épouser le corps encore, c'est être en corps... avoir ou être? Un corps: le dasein de l'être-là au monde, comme un tout qui pense, mais qui renie pourtant du moins sous certains angles, le cogito de néné (René Descartes qui peut-être aimé en jouer des cartes (cartomancien: quart tomme homme ancien))?

Les points de vue
La perspective
L'illusion d'optique culturelle, castique (de caste), clastique (klastos grec brisé) iconoclaste image (eikon (icône)) Briseur d'image...


Imaginer une situation une expérience conférencielle, multiple qui deviendrait un débat entre trois philosophes : Wittgenstein, Heidegger, et Spinoza. Auquel s’adjoindraient Mallarmée Khlebnikov et quelques autres amis poètes



Wittgenstein  (1889-1951 Autriche-Cambridge) :
La philosophie du langage : Tractacus logico-philosophicus mystique de l’ouvrage en son mystère est-il Pardèsable c’est-à-dire peut-on le soumettre au Pardès il en découle une philosophie éthique et esthétique…du chemin vers la fin du voyage pour un enfant posthume : Investigations philosophiques. La négation de la fonction philosophique classique en tant qu’elle étudie des questions sans réponses donc nulles car dénuées de sens.
Seul le trivial dans sa fonctionnalité vérifiable ou le phénomène observable scientifiquement et analysable doit occuper la réflexion… toute métaphysique est donc à exclure comme tout sens critique, libre arbitre, notion esthétique ou éthique. La philosophie classique représente pour Wittgenstein l’art de rendre complexe voire absconses des analyses qui tombent sous le sens…seule une philosophie du langage trouve grâce à ses yeux un langage où les mots retrouveraient leur sens ordinaires… vers l’épaisseur, la force et la clarté de l’ordinaire…un temps petit camarade d’école d’Adolphe Hitler…à la fin de sa vie il philosophait en jardinant dans un cloitre retiré loin de la folie des hommes…

Heidegger (1889-1976) Allemagne :  élève d’Husserl phénoménologue il s’éloignera de celui-ci pour trouver sa propre voie.
Sein und zeit - Être et temps: dasein (être là) et mit sein (être avec) ainsi l'existant ne peut l'être que dans sa relation aux autres étants. Dans la conscience de sa propre mort dont l'angoisse sera le vecteur du passage (Sein hum Code: être-vers-la-mort). 
Le dasein est un étant particulier puisqu'il peut lui même analyser sa propre perception, la conscientiser, ce qui n'est pas forcément le cas des autres étants. 
et Introduction à la métaphysique
Opposition sur le mode perceptif de Husserl: observation du phénomène sous forme d'esquisses et points de vue de l'observateur sur ce qu'il observe en relation avec le point d'horizon et les autres étants.
Et la perception heideggérienne de l'ustensilité où la chose regardée est appréhendée pour sa fonction triviale. 
Ex; un marteau comme ce qui enfonce le clou.
Différent aussi sur le problème de la réduction phénoménologique époché (suspens, mise entre parenthèse du monde) égo transcendantal.


apparition de Pierre Dac à la question existentielle où sommes-nous, qui sommes-nous, d’où venons nous, où allons-nous, ce wittgeinsteinien  répondait : pour ma part, je suis-ici, je suis moi, je viens de chez-moi et j’y retourne…

Mallarmé se perd dans la réduction du mot qui refuse la représentativité pour être la chose qu’il signifie mais le mot vidé de son image rencontre le néant… néantisé il dissout l’être, reste le rêve, le fantôme de l’écrit revient hanter le poète pour une épiphanie qui dévoile le noumène kantien qui en fait n’est rien d’autre que la considération de la perception existentielle des védas où l’objet disparait au profit d’une intersubjectivité…la philosophie conceptuelle ne fait pas mieux que les Védas de quinze siècle avant JC, que  ce soit Platon, Aristote, Kant, Hegel, Descartes, Husserl, Heidegger, Sartre, Merleau-Ponty…tout a été dit par les maîtres Vedas et enseigné à travers les mantras védiques et les poètes philosophes communicants (Aurobindo, Krisnamurti mais aussi le poète breton), convertis (Bernard Enginger dit Satprem (celui qui aime vraiment (sanskrit)) ou certains chamanes des premières nations . 

de Coluche, 
Desproges... Elie Kakou  nous avons aussi nos philosophes-poètes même si leur acuité philosophique jaillit par intermittence (sans doute lié à leur statut d’intermittent du spectacle)

sur la dictature du on....
avec un glissement sur Nietzsche par rapport à la volonté de puissance et à la position de Martin Heidegger avec le national-socialisme mais aussi  Spinoza le polisseur de verre pour regarder loin c’est-à-dire tôt dans nos origines d’enfant des étoiles … Khlebikov le poète mathématicien futurien épousa en son temps ce chemin lui qui souhaitait communiquer avec l’ensemble des étants heideggérien  avec sa langue d’outre entendement il faisait un pied de nez à Wittgenstein et sa langue ordinaire et ses niveaux d'existences où augmenter sa puissance  peut se faire aussi par prédation, et la grammaire philosophique de Wittgenstein par rapport au chant védique, à la philosophie naturelle de la poésie d'un Rimbaud par exemple ou Mallarmé, cherchant son sens dans la réduction (d'un Husserl sans le cité)  ou d'un Krisnamurti, voire le Dasein et l'être pour la mort face à Don Juan le maître indien (Yaki)  de Castaneda.


Schopenhauer 
La volonté à un autre sens.
Chez Schopenhauer, le concept de volonté ou de vouloir vivre, aussi lié à la chose en soi, désigne la force "initiale et inconditionnée" qui est à l'origine du monde phénoménal; c'est "la seule expression vraie de la plus intime essence du monde. Tout aspire et s'efforce à l'existence, et si possible à l'existence organique, c'est à dire la vie, et, une fois éclose, à son plus grand essor possible"
La volonté (de vivre) la connaissance c’est la connaissance discursive, celle des  causes avec le principe de raison comme connaissance des phénomènes mais il existe un autre type de connaissance, la connaissance intuitive qui descend sous le phénomène et le pénètre au cœur comme l’art …celle-ci va dans les abîmes du vouloir pour connaitre ce vouloir
Un retournement de la connaissance En général la connaissance est une sanction de notre asservissement… c’est participer de la mécanique que la volonté organise sans nous demander notre avis. La connaissance des apparences asservit alors que la connaissance intuitive libère car elle est affranchie de tout principe de raison.

23/09/2019
J’ai marché vite afin d’être hyper ventilé juste pour travailler en douceur mon cardio côté pensée ça fulgure comme souvent. J’ai décidé cette fois de ne pas m’arrêter et de noter la trace, le souvenir, l’empreinte de cette réflexion pédestre.
Avant j’étais encore dans Schopenhauer. Je questionnais la notion de volonté ou de vouloir vivre par rapport à la volonté de puissance de Nietzsche me disant que la seule différence, c’est que chez Nietzsche cette volonté ne concerne que les vivants. Schopenhauer, lui, semble l’étendre au processus même de l’évolution y compris moléculaire de la nature…Ensuite, j’étais revenu avec les âges de la vie, la pensée à travers une vie d’homme chez Schopenhauer qui était reliée à la pensée védique avec les 100 ans attribués à une vie d’homme. Je me remémorais la parabole du morne que l’on gravit et aux cinquante années qu’ils nous faut pour atteindre le sommet ensuite tout change on ne voit plus l’origine (notre naissance) mais on contemple ce qui nous sépare de notre mort. J’ai aimé aussi les 10 dernières années si l’accident ou la maladie ne nous a pas arrêté de 90 à 100 il reste le temps du retour progressif au début pour non une mort mais un arrêt de vie sans râle sans souffrance sans douleur ni angoisse juste la fin du processus.
Alors ayant tout ceci à l’esprit ma marche questionnait à ce moment de ma vie 70 donc pas très loin de la fin du chemin qu’en était-il des choses vues, expérimentées ou constatées pendant tout ce temps et où j’en étais aujourd’hui.
Je suis un contempleur plus que contemplateur, un témoin, un récepteur actif qui avec l’expérience perçoit autrement mais qui souhaite par nécessité non par volonté schopenhauerienne, révéler cette perception en la partageant à travers une œuvre d’art que j’appelle CDF et qui est très différent de ce que sont les œuvres aujourd’hui.
Je me demandais pourquoi ? Qu’elles étaient les motivations des artistes? S’agit-il encore de révéler la « beauté » en tant que nécessité pour vivre mieux en tant que connaissance intuitive, ou la motivation était-elle différente, intéressée, argent, pouvoir dont quelque part domination des uns ce qui entraine la soumission des autres…Je passais en revue l’art d’aujourd’hui le courant de ce que l’on appelle l’art contemporain qui n’a pas réussi à me convaincre d’une quelconque nécessité ou « volonté » à révéler autre chose que la place de l’artiste dans la société; les pseudos critiques que le discours des curateurs ou des artistes corrèlent aux œuvres étant une caricature de la pensée ou une pensée vide mais logique car participant à la hiérarchisation ; ceux qui « savent » et qui ont accès et les autres… Je me souviens de Bourdieu à propos de l’art, de Deleuze, de Barthes…puis je me suis questionné sur ce qui s’est passé, suite au grand courant de violence dans la résonnance de la 2de guerre mondiale et des guerres coloniales avec le mouvement de la non-violence, l’amour universel, les citoyens du monde…Qu’en reste-t-il ? Quel a été l’impact ? Que sont devenus les « penseurs «  de ces mouvements ?
Mon bilan était triste. Je me suis rappelé les années de gauche 1981-82 et les espoirs, l’ouverture des institutions (conservatoire de Pantin, les artistes à l’école etc…).
Et le bilan, où en sommes-nous aujourd’hui? Comme disait un ancien membre de support surface, on a appris aux gens et ce dès l’enfance au nom de l’expression libre, et du tous artiste[2] à aimer « la merde » aujourd’hui lorsqu’ils voient une œuvre d’art digne de ce nom, ils ne comprennent pas ils cherchent les toilettes…
L’art à l’école c’est la meilleure et la pire des choses. Apprendre la perception, se familiariser avec la création est une chose, mais quels sont les modèles ? Après le tout classique : musique classique, arts du dessin avec les artistes de la Renaissance et aujourd’hui par réaction on étudie la musique de variété à l’école, on l’enseigne comme l’art contemporain…au non de la démocratie, mais l’art comme la science n’ont rien à faire avec la démocratie. Souvent un a raison devant le nombre se souvenir de Galilée pour exemple. 
Plus de jugement esthétique puisque l’art contemporain renie la beauté depuis Duchamp pour un art ludique ou provocateur qui ne nécessite pas d’être créateur. Il suffit d’être malin et d’avoir l’intelligence du profit  (stratégie de vente, de cottage boursier etc) dont le grand initiateur est Warhol et le surdoué Jeff Koon..mais qu’en est-il de l’art qui révèle la nature, l’équilibre, la nécessité d’être relié ? Certainement pas l’art contemporain, quand à la musique de variété elle fait partie d’un vaste conditionnement ; dès l’école l’éducation nationale fabrique  des consommateurs. 

25/09/19
…nécessité d’élaborer un corpus d’œuvres à mettre en parallèle, en opposition, en contradiction ou en adéquation avec ma démarche de poète-pluriel.
Certaines ont joué un rôle important dans l’élaboration de ma pratique et de son analyse.
1)    Sam Rivers trio des années 1970-80
Mise en relation avec le contrepoint improvisé usant autant des acquis de la musique savante classique et les acquis du jazz post bebop : les multi-tonalités, l’harmonie organique, le phrasé chromatique, les glissements modaux au service de la liberté dans le respect de celle de l’autre vers l’utopie de Bakounine pour la liberté et la fraternité.
2)    Giacinto Scelsi et sa spirale du son mais aussi son état comme nécessité révélatrice de l’œuvre les chants du Capricorne pour voix et petite percussion interprétée par Michiko Hirayama. Giacinto étatit un improvisateur, il n’écrivait que par obligation, le plus souvent il confiait ce soin à ses élèves à partir de ses improvisations (à l’orgue ou au piano).
3)    Sylvie Guillem Smoke(s) de Matts Ek avec Niklas Ek, la grâce incarnée.
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4)    Arts visuels : Bill Viola pour le triptyque Feu terre eau.
5)    Gerasim Luca Émission océanique
6)    Léo Ferré Il n’y a plus rien

Comment ces différents états et engagements de vie ont contribué à l’émergence d’une nécessité, celle d'élaborer un Contrepoint De Formes (CDF) qui permettrait le cheminement auto révélant d’une somme d’aboutissements : Guillem pour la virtuosité fluide de la grâce, Scelsi pour l’état qui conduit le son celui-ci pourrait habiter l’image, Viola métaboliserait dans l’allégorie des possibles prolongements eux-mêmes porteurs d’une autre façon de percevoir, les mots de Ghérasim ne seraient plus des maux mais du son-sens, des mots-sons, reste l’encens pour faciliter le passage et solliciter l’odorat, peut être le coquelicot serait juste derrière pour dire l’existence de champs non encore pollués. 
Méthodo : 
À travers le récit de vie, ouvrir des situations historiques reliées à des penseurs (Aurobindo, Deleuze, Krishnamurti, Saint François d’Assise, Augustin, Rousseau, Camus, Barthes , Bourdieu, Foucault et les poètes Brisset, Khelbnikov, Mallarmé, Luca mais aussi les artistes sonore Rivers, Holland, Altshull, Scelsi, les plasticiens Tapiès, Viola, Kieffer, Bacon…les artistes du corps : Sylvie Guillem.

Ouvrir des champs d’adaptabilité : recherche appliquée en situant la pratique dans le monde par rapport à l’éducation
Le modèle aujourd’hui de par le monde étant plutôt non entré en communion, en entendement, en perception avec l’art, mais utilisé la pratique des arts comme libérateur de créativité (par le faire). Cette approche n’est pas mauvaise, mais elle omet l’essentiel ou prétend y accéder par cette voie…Pour ma part, je souhaite proposer l’œuvre comme vecteur d’une transmission non pour essayer de reproduire l’œuvre mais pour se nourrir de sa force jusqu’à  être révélée en tant qu’essence le  "devient ce que tu es" au-delà de la volonté (schopenhauerienne ou nietzschéenne) est à considérer ici dans son sens spinosiste : grâce à l’œuvre d’art et le changement qu’elle opère sur la perception de celui qui la rencontre permet de vivre déjà le deuxième niveau d’existence de Spinoza celui des rapports qui nous libèrent, des affects passions du premier niveau en tant qu’ils nous aliénaient et nous proposent une expérimentation intersubjective dans ses rapports à construire et a sublimer autant que faire se peut avec l’objet qui de fait disparait en tant que tel pour devenir dans le partage un autre sujet …
La force de l’égo collectif, égo transcendantal, intersubjectivité avec le groupe individu.
Non seulement l’émulation et le plaisir de faire ensemble mais expérimenter le sens d’improvisation avec les autres (sentir le poids, l’équilibre, l’espace dans le corps, dans la voix, dans les mots et au-delà… vivre le son non conditionnant) 

27/09/2019
Réflexion sur les pièces pour violoncelle et Haut-parlant que je souhaite également présenter sous forme de diptyque filmique. Ecran divisé en deux avec le performer d’un côté et le texte graphique, lettriste avec peinture organique de certaine lettre, jaillissement de certaines phrases, de l’autre. Possibilité aussi d’un portrait évolutif où le texte aurait une importance première. 
Pour finir sur un plein écran ou performer et texte sont réunis.
Mais quel est le sens esthétique et philosophique de cette voie ?
Il s’agit d’un texte poétique relevant de la poésie concertante donc écrite pour sonner avec certains passages virtuoses, donc un style qui nécessite pour être pleinement interprété que le locuteur maitrise les paramètres de la musique, comme s’il était instrumentiste de son corps phonatoire. C’est le rôle du haut-parlant de réussir cette performance ; donc, il faut entendre le haut de haut-parlant,  certes comme un amplificateur de son et de sens mais aussi comme un traversant, avec trans de transmettre à travers( la) transe une pure musique qui aura le privilège et la grande complexité de diffuser du son à travers des mots mais aussi une multitude de sens, une potentialité "auto-révélante " pour l’auditeur qui aura la possibilité de fabriquer par sa perception passée au tamis de sa sensibilité, son propre poème dont le haut-parlant serait le substrat. La partie musicale de cette forme est tout aussi particulière car elle doit construire son chemin propre tout en entrant en relation fréquente avec le texte. Le violoncelle représente également un corps objet qui en plus d’être sonore aura une importance esthétique considérable car il proposera au regard une poétique du geste combinable à celle du corps de chair. Nous avons en quelque sorte ; l’énonciateur qui porte à la fois le texte et sa musicalité mais aussi l’instrumentiste qui dialogue, accompagne, confronte, dépasse ou traverse par contrepoint le texte mère tout en produisant pour le regard, une musique de gestes fait de ses deux corps (objet et chair). Dans ce processus le fait que le haut-parlant et l’instrumentiste soit la même personne est fondamental pour la pleine réussite de cette forme shamanique.

28/09/2019
De l’importance du sublime. Que l’on cherche à capter à retrouver dans le substrat des choses simples désobjectivées en tant qu’elles ne seraient plus la représentation que je me fais de ces choses mais leurs dimensions nouménales que mon état de poète me permettrait de pénétrer, de côtoyer comme entité multiple, intersubjective.  
Nécessite une écoute totale, une acuité accrue, donc un état de disponibilité et de dévouement tout au service de la perception…il s’agit de dépasser sa condition ordinaire pour vibrer en harmonie ou en opposition avec les phénomènes rencontrés, 
Digression sur l’origine :
Après avoir écouté la voix de Jacques Derrida qui raconte les derniers moments de vie de sa mère, au moment où elle ne reconnait plus son fils. Derrida demande « tu as mal ? » la mère répond : « oui », il lui demande « où as-tu mal ? » et elle répond : « j’ai mal à ma mère ». Cette phrase m’a ramené à certains moments douloureux de mon existence ou bien que n’étant pas lié à ma mère et me revendiquant enfant des étoiles, sans filiation personnelle, dans la simple conscience d’appartenir à l’univers. Donc dans cette disposition d’esprit face à la douleur et au sentiment que j’allais disparaître très rapidement, ma pensée s’est tournée vers ma mère. J’ai ressenti une grande détresse et me suis trouvé relié par la pensée à la chair de ma mère…Ensuite après avoir échappé à cette impression de fin de vie, j’ai essayé de comprendre pourquoi au moment de notre mort (même présumée) retrouvons-nous l’instant de notre venue au monde, avec le ventre de la mère comme pont sanctuaire reliant l’alpha et l’oméga d’une vie humaine…Le simple fait de penser à la mort dont notre état émotionnel convoque la perception, semble avoir la faculté de plier le temps et par la même de faire concorder le point d’origine avec le point final en un nouveau point suspendu sur une étoile infiniment compressée qui s’appellerait maman.

 06/10/2019
Les grands problèmes fondamentaux de l’organisation sociétale: la compétition comme système d’éducation et de réussite sociale a pour résultat :  individualisme, coup bas, despotisme, appropriation, hiérarchisation systématique des êtres et des choses en fonction de leur valeur marchande…
Solution : remplacer la compétition par l’émulation en mettant au centre la différence comme potentialité de richesse à partager. C’est ce que préconisait Albert Jacquard en son temps. comment le contrepoint de formes dans son acception de....  

03/12/2019
Improviser avec les mots relève d’un autre type d’interprétation de la perception. Lors de la thèse j’analyserai ce processus.
Les mots sont entièrement conditionnés par la culture à travers la langue. Un métalangage serait une possibilité pour l’improvisation verbale textuelle si on admet qu’un texte peut-être dit dans un langage s’outre-entendement nous rejoignons le zaoum de V.K sans le formatage théorique qui le compose.
Dès lors est-il hors de porté du sens ou est-il porteur de sens adaptable à celles et ceux qui écoutent en d’autres termes, il rejoindrait la musique ou l’image mais le son des mots est porté par la voix , incarné il change de registre la transmission est plus directe, sans artéfact, sans prothèse, il rejoins en ce sens le jazz comme un cri du lus profond[AJ1]  de l’être une production ontique qui toutefois peut plus facilement que le cri de jazz ou de Munch  embrasser d’autres états comme la joie, la gaité, l’humour, le rire pour peut-être devenir un chemin d’accès à la béatitude spinozienne .
L’être-vers-la-mort( Heidegger) passe nécessairement par l’angoisse pour un être-là authentique. 
Le kairos est "l'instant T" de l'opportunité: avant est trop tôt et après est trop tard.  


Plan chamanique Méditation à mains nues (sans instruments de musique)

Il est maintenant important d’envisager la place de l’artiste non hors la ville, mais dans l’entre-deux, dans cet espace médian placé entre le monde moderne des humains et le monde fondamental de la nature. Je fais naturellement le parallèle avec le Tao qui attribue à cet « entre », la faculté à interrelier les deux forces constituantes de la vie et à les rendre par la même opérantes. Cet espace appelé souffle du vide médian se situe entre le souffle yin (douceur réceptive) et le souffle yan (puissance active).
Le rôle du poète-pluriel se définie aussi dans cet entre-deux reliant, permettant la circulation et l’équilibre qui en découlent ; mais la tâche semble démesurée tant l’oubli est profond.
Oubli de l’origine, d’un monde relié où les arbres nous enseignent comme le fait le vent, la pluie lorsque les nuages transportent la lumière, la transforment et réunissent le temps d’une vision nourricière, le ciel et la terre qui semblent s’unir pour nous montrer le chemin, la voie nécessaire pour se souvenir à un moment de l’histoire où la technologie a pris le pas sur le vivant. …Les premières nations ont su conserver cette conscience et continuent à essayer de vivre en harmonie avec les forces naturelles, mais le monde contemporain très agressif a remporté pas mal de batailles… La poésie dans son sens large est consciente de sa mission-chaman,  elle doit guider par son souffle de vie traversant, l’homme vers la nature, car celui-ci a oublié ses origines et pense régner en maître sur un monde robotisé, oubliant l’élément invisible qui permet au système de fonctionner. L’air est l’atman, le souffle qui permet la vie pour le végétal, l’animal, mais aussi le minéral par l’oxydation, allié à l’eau et à la chaleur-lumière du soleil il préside aux transformations nécessaires (phosphate, azote, potasse) au fonctionnement de l’éco système. La pollution outrancière qui découle en grande partie du comportement cupide des sociétés dites modernes met en péril l’équilibre naturel. La poésie contemporaine retrouve en quelque sorte sa fonction de médiatrice de l’époque romantique entre dieu et les hommes…seule sa mission a changé. Il s’agit aujourd’hui de conscientiser une humanité sourde et aveugle à la nécessité de retrouver ses origines, de respecter et de valoriser « la nature » qui est notre futur afin qu’elle soit encore notre avenir.
La poésie est à différencier du poète qu’on peut nommer, la poésie reste une entité monade, un concept essentiel à effectuer, un vecteur, un souffle de vie aussi important que le souffle du vide médian du Tao permettant de relier l’humain à son environnement afin que le profit pécuniaire, pollueur, physique et psychique ne gagne pas la guerre.
En ce sens la poésie peut et doit sauver le monde.
Conscientisation d’abord comme source d’action. 
L’œuvre d’art est une arme efficace, encore faut-il la libérer de son asservissement marchand, de son dévoiement perpétré par la société de contrôle.
Le poète reste un combattant solitaire capable de mettre en place les armes nécessaires à la victoire mais ce langage guerrier s’il semble adéquat, doit être poétisé, les métaphores devenir des exutoires afin de permettre un positionnement responsable et nourricier. Faisons de demain un chant de lumière au service d’une harmonie où l’ensemble des « convives » toutes cultures et toutes ipséités confondues, humaines et plus qu’humaines cheminent ensemble dans la force du partage.
Relire David Abram Comment la terre s’est tue,  Cheng Cinq interrogations sur la beauté, je chemine toujours avec Aurobindo, Eckhart, Husserl, Bachelard, je pratique de nouveau la méditation expériencielle que j’avais un peu délaissé pour une méditation spontanée contemplative où je retrouve la vacance (dans la vacuité du moi) avec ou sans instrument (violoncelle ou flûte de bambou) qui me servent de passeur.. mon corps-esprit étant au service d’une perception que le bois et les cordes transportent dans ma âme-chair.







[1] Fernand Reynaud dans le sketch : Le fût du canon.
[2] L’artiste dont je tairai le nom fait ici référence aux artistes décrétés par le courant dominant contemporain ou tout est œuvre d’art d’une figurine de Mickey à une bouteille de coca-cola, voir à un habit de Zoro  pour peu qu’on y ajoute une allusion écrite sur un cartel signifiant la soit disant critique de la société de consommation ou de son racisme en exposant une boite de banania écrasée par exemple.



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