Conférence - Opéra



Ébauche filmique de la conférence: https://vimeo.com/388742655/8925a167ef

Synopsis :

Thème : Interrogations pour poète-pluriel, à propos de La possibilité d’une œuvre
…vers un éternel romantique…
Ça fonctionne comme le vent, par rafale où chaque odeur, mot, goût, relie, ramène, déporte, renvoie, s’entrechoque et ouvre des portes donnant sur des corridors eux-mêmes débouchant sur des non-lieux ou hors-lieux qui en fait sont le lieu de la mémoire… Cet entrechoquement permanent est l’état naturel du poète-pluriel qui évolue dans un méta-monde en suspens entre l’espace et le temps… 

Le tourbillon des captations incessantes recompose une réflexion en perpétuel questionnement… Un questionnement d’un autre type en tant qu’il n’attend, ni ne souhaite aucune réponse, seulement des agencements interreliés et partageables, non comme signification mais comme processus de pensée en constante reconstruction.

J’appelle l’outil nécessaire capable de transmettre ce tourbillon vivifiant : Le Contrepoint De Formes (CDF) qui est la conduite autonome et complémentaire composée et orchestrée des formes : imaginale, textuelle et sonore.




-       De l’importance du sublime que l’on cherche à capter, à retrouver dans le substrat des choses simples désobjectivées en tant qu’elles ne seraient plus la représentation que l’on se fait de ces choses, mais leurs dimensions nouménales que mon état de poète-pluriel me permet de pénétrer, de côtoyer comme entités multiples, intersubjectives.  
D’où la nécessité de parvenir à une acuité pour une écoute totale, un état de disponibilité et de dévouement au service de la perception…il s’agit de dépasser sa condition ordinaire pour vibrer en harmonie ou en opposition avec les phénomènes rencontrés. 

Dans cette posture choisie, il faudra transcender pour en faire un état ; le poète-pluriel est un récepteur permanant du sensible qu’il stocke par le processus de mémoire[1] l’alchimisation des phénomènes engrangés, confrontés à sa propre sensibilité permet la création d’œuvres originales dictées par une nécessité réactive.
-     Explication sommaire du processus de mémoire :
Les phénomènes et/ou événements paisibles ou traumatiques, l’infinité des détails qui composent une vie, s’organisent dans la mémoire à différents niveaux plus ou moins accessibles. Leur altération à l’état de rêve ou de vision, voire de constructions mystérieuses (par exemple poétiques), née de l’association de plusieurs éléments ne s’étant pas déroulés à la même époque, est le ferment de l’identité du poète. C’est ce processus que je recompose artificiellement par des réservoirs et des tamis « euphémisant » ou exacerbant les glissements, ou encore associant les phonèmes, les mots, les idées artistiques, les couleurs et les formes. Ce concept, né après de longues années d’introspections analytiques, alimente un système compositionnel imaginal, sonore et/ou textuel, rigoureux et efficace qui nourrit mon travail de poète-pluriel……


La fonction du poète est celle d’un luthier de chair veillant à l’amélioration constante de son corps-outils. Corps comme entité comprenant l’esprit, lui-même comprenant l’âme en tant que réceptacle transformant des images poétiques primitives perçues lors de la visitation. J’entends par visitation, un concept débarrassé de toutes connotations religieuses, définissant le phénomène perceptif de l’image poétique primitive ferment d’une création à venir. 



Dans son statut de récepteur-émetteur, le poète-pluriel n’est qu’un vecteur herméneute d’une perception, il n’est pas le créateur réel de l’œuvre mais il rend possible son avènement…Le fermant de la création se trouve dans la substance dont les captations contingentes relèvent d’un mystère…Pourquoi sont-elles accessibles à tel moment de notre histoire ? Reste une interrogation sans réponse autre que : par nécessité. Mais pour qui sont-elles nécessaires ? Pour celui qui perçoit ou pour ceux à qui elle sont destinées ou encore pour la substance elle-même, qui serait alors investie d’une volonté?
Ces interrogations relèvent de la métaphysique. En tant que questions suscitant non des réponses mais d'autres questions, elles sont le ferment de la créativité, donc déterminantes dans le processus artistique...  




La compétition comme système d’éducation et de réussite sociale a pour résultat :  individualisme, coup bas, despotisme, appropriation, hiérarchisation systématique des êtres et des choses en fonction de leur valeur marchande…
Solution: remplacer la compétition par l'émulation en mettant au centre la différence comme potentialité de richesse à partager. C'est ce que préconisait Albert Jacquard en son temps. 

Fort de ces préalables, il est maintenant important d’envisager la place du poète-pluriel 
Que je considère sur un plan chamanique



Dans ces incessantes méditations à mains nues (sans instruments de musique), il se situe dans un non-lieu, un espace médian placé entre le monde moderne des humains et le monde fondamental de la nature. Je fais naturellement le parallèle avec le Tao (la voie) qui attribue à cet « entre », la faculté à interrelier les deux forces constituantes de la vie et à les rendre par la même opérantes. Cet espace appelé souffle du vide médian se situe entre le souffle yin (douceur réceptive) et le souffle yang (puissance active). Le rôle du poète-pluriel se définit aussi dans cet entre-deux reliant, permettant la circulation et l’équilibre qui en découle ; mais la tâche semble démesurée tant l’oubli est profond. Oubli de l’origine, d’un monde relié où les arbres nous enseignaient patiemment, comme le faisait le vent et la pluie, lorsque les nuages transportent la lumière, la transforment et unissent le temps d’une vision nourricière, le ciel et la terre pour nous montrer le chemin…retrouver ce chemin et ne plus l’oublier est une nécessité à un moment de l’histoire où la technologie a pris le pas sur le vivant. …certains peuples, comme les premières nations ont su conserver la conscience de leur appartenance à un monde interrelié et continuent de vivre en harmonie avec les forces naturelles, mais le monde contemporain très agressif a remporté pas mal de batailles… la poésie dans son sens large est dépositaire d’une mission-chaman,  elle doit ramener par son souffle de vie traversant, l’homme vers la nature car celui-ci dans le déni de ses origines souhaite souvent régner en maître sur un monde robotiser, oubliant jusqu’à l’élément invisible qui permet au système de fonctionner. L’air est l’atman, le souffle qui permet la vie pour le végétal, l’animal mais aussi le minéral (oxydation). L’eau et l’air alliés à la chaleur-lumière du soleil, président aux transformations nécessaires (phosphate, azote, potasse) permettant le fonctionnement de l’éco système. La pollution outrancière qui découle en grande partie du comportement cupide des sociétés dites modernes met en péril l’équilibre naturel.    La poésie contemporaine retrouve en quelque sorte sa fonction de médiatrice de l’époque romantique entre dieu et les hommes…seule sa mission a changée, il s’agit aujourd’hui de conscientiser une humanité sourde et aveugle à la nécessité de retrouver ses origines, de respecter et de valoriser « la nature » qui compose notre passé afin qu’elle permette notre avenir dans un présent qui pourtant la soustrait.
La poésie est à différencier des poètes qui ne sont que les vecteurs nécessaires participant à son effectuation. La poésie est une entité monade, un souffle de vie aussi important que le souffle du vide médian du Tao permettant de relier l’humain à son environnement afin que le profit pécuniaire, pollueur physique et psychique ne gagne pas la guerre.
En ce sens, la poésie peut et doit sauver le monde.
L’œuvre d’art par la conscientisation qu’elle propose est une arme efficace, encore faut-il la libérer de son asservissement marchand, de son dévoiement perpétré par la société de contrôle.
Le poète reste un combattant solitaire capable de mettre en place les armes nécessaires à la victoire, mais ce langage guerrier s’il semble adéquat, doit être poétisé. Les métaphores deviennent alors des exutoires favorisant l’émergence de positionnements responsables et nourriciers. Faisons de demain un chant de lumière au service d’une harmonie où l’ensemble des « convives » toutes cultures et ipséités confondues, humaines et plus qu’humaines chemineraient ensemble dans la force du partage.

Relire David Abram (1957) Comment la terre s’est tue, François Cheng (1929) Cinq interrogations sur la beauté (2008)…sans oublier Sri Aurobindo (1872-1950), Maître Eckhart (1260-1328), Edmund Husserl (1859-1938), Gaston Bachelard (1884-1962)... Pour ma part, je pratique de nouveau la méditation expériencielle que j’avais un peu délaissée pour une méditation spontanée contemplative, (les deux étant complémentaires) pour retrouver la vacance d’une errance retournée où le moi se dissous pour un je relié …j’érige un pont sanctuaire entre mon extérieur et mon intérieur, le plus souvent en utilisant le violoncelle et la flûte de bambou qui me servent de passeur ; mon corps-esprit étant au service d’une perception que le bois et les cordes transportent dans mon âme-chair. (9’)







La conférence en tant que ce qui confère à l’errance pourrait s’écrire de plusieurs façons : Conférance ou Conferrance. 

Il y a bien sûr l’errance au centre sans y voir un air rance puisque le mot est féminin, mais plutôt une erre anse précédée du con de avec… ici avec du fer (con)fer donc que l’on ferre… comme on attrape un poisson… En somme : une erre anse… qui ouvre sur la mer…   sans amertume,  donc une mer qui baigne et enfante la mère et l’âme-air qui l’accompagne toujours…  mammanlo disent les créoles en regardant l’océan qui touche de l’autre côté leur terre originaire.

Ça vous donne d’entrée de jeu et de je      un(e) ID de l’enjeu (en je) du Système Créatif Analytique de Déroulement Phonatoire (SCADP), que j’ai mis en place dans le choc-raisonance (résonance de la raison), un de mes concepts autoréférants régissant le Contrepoint de Formes (CDF).



Le Système Créatif Analytique de Déroulement Phonatoire (SCADP). 
Depuis toujours les humains ont joué avec les mots. L’histoire a retenu quelques spécialistes, des humoristes, mais aussi des écrivains et des poètes… Comme il s’agit de la langue française, je m’appuierai sur quelques praticiens francophones inspirés dans l’art de l’exploration du langage sans analyse autre que celle du son-sens, un mot clé cher à Vélimir Khlebnikov (V.K), qui était Russe mais qui travaillait à une langue universelle. Plus que l’esperanto du docteur ophtalmologiste Polonais Ludwik Leizer Z(S)amenhof, le méta langage de V.K, s’adressait à tous les « étants » (humains, animaux, végétaux, minéraux), ainsi qu’aux phénomènes naturels qui régissent la vie au sens large du terme…
Côté français, outre les humoristes de Allais à Devos, on ne peut oublier JP Brisset et son étymologie sonore.
Pour Brisset qui analysait les mots à l’aune de leur sonorité, Société ne vient pas du latin societas (association réunion communauté…) mais de ce que j’appelle une ontophonie de la phrase «l’ancêtre était assis dans l’océan… le séant dans l’eau » ..l’haut séant comme un seau, une sauce pour l’être et pour l’avoir y était…  « Être dans la sauce c’est être en société… » en sauce y était (Brisset, 1913), et plus proche de nous, le travail de Gherasim Luca qui prônait de faire journellement son quart d’heure de culture métaphysique, Quart d’heure de culture métaphysique (1973).



Extrait :
Debout les angoisses jointes
vide tombant en souplesse de chaque côté de la mort

Sautiller en légèreté sur les frissons à la façon d’une balle qui rebondit
Laisser les angoisses souples
Ne pas se raidir
toutes les idées décontractées

Vide et mort penchés en avant
angoisses ramenées légèrement fléchies
devant les idées

Respirer profondément dans le vide
en rejetant vide et mort en arrière

En même temps
ouvrir la mort de chaque côté des idées
vie et angoisses en avant

Marquer un temps d’arrêt
aspirer par le vide

Expirer en inspirant
Inspirer en expirant
-----

Après ce temps de relaxation nécessaire, voyons comment le SCADP opère tant dans le champ de la création que dans celui de la recherche où en Glissant (Edouard), il créolise la langue, l’archipelise et la cultive sur des rhizomes deleuziens fertilisés par le style, lui-même induit par la musicalité des mots-son

Ainsi l’errance déroulée de l’erre-anse abritant la mer sans amertume dont il était question il y a quelques minutes ; lame- R, l’âme-air lame-aire, l’âme erre, une mer mère que l’on peut entendre errer dans cet extrait de l’amertume[2] :



la mer amère tu me tue …amère âme 
..tu trames sous l'âme-hors or
l'amorce tue le corps…usure … encore l'égard s'attarde au port 
abord dans l'âme... mort  il garde la
morsure… arme de l'âme... hagard regard
de marbre…macabre l'ambre d'art se
cambre épars
il arme l'âme...alors la lame âme d'arme
damne et condamne l'écho du tu ....
qui tue ? ...là ... quitte la...
mer tue... me tue
là mère    tu me tues…
l'amertume tue



Le SCADP est un procédé d’écriture créative menant à une ontophonie holistique (le son nouménal, qui devient sujet, l’être-son confronté aux « êtres-avec » et à l’ensemble des étants (Heidegger, 1927)).

Dans ce système, je déroule le sens pour une explication ou un essai de théorisation qui par glissement touche à la concertisation du langage :
 « jeu dè de dés roue roule le dé roule l’essence comprise prise au sens du con (avec) et du con de contre, Sens contre sens[3], acte d’amour explication, plica ex plica, Leibniz est proche, proche du pli qui explique l’action et c’est l’essai con T (c’est-à-dire soutenu) compté, que l’on tait, (d’un conte et compte tue) ou conté au riz (ou hanté haut ri ) au rire risette de l’homme qu’on théorise aux rhizomes deleuzien du ri de rire ou des rizières nourricières et de home at home atomes de l’homme … juste un développement c’est-à-dire un hasard pour dé veux (de voulu ) et hop (le hop ou l’O, l’O de l’an veut l’hop) ou l’eau du haut  peut man ( de mentir ou de maman), ainsi le développement (de l’enveloppement dans le sous-venir) comprend le désir de se confronter au hasard par convocation du haut en tant que ce qui nous dépasse et qui passe par l’eau qui génère la vie où la mer-mère devient maman ou mensonge (le man de maman et le ment de mensonge) avec le M d’amour en son centre…en son je… jeu… songe) c’est-à-dire je rêve d’une maman». 

Maman[4]
ma  ma … ma … ma  maman  ma ma   main... 
ta main maman  
mon bien ton bien me ment m’amante m’aimante... 
ta main amante me manque  
maman 
tu es ma mie mon amie ma manie  maman  la manie de ma vie  
tes envies maman ton avis sur l’envie  
mes avis sur ta vie  sur ton état privé de vie 
sur ta vie privée de moi 
de moi privé d’envie de vie sans toi 
mon émoi pour toi 
pour ta voix pour ta main  
ma faim   ma mie
de vie    ma mie
de l’envie sans fin de la main de maman 
ma  ma  ma  main   maintes fois tendue vers  rien  maman 
vers toi     absente 
vers l’absence de toi      vers ton vide 
mon avide envie pourtant de prendre  ta main 
d’apprendre ta main  
là la...lama    l’amant vide    la table latente  battant l’avide menthe mentale 
l’âme haletante tente l’attente maintes fois lamentante  et maintenant
vide lamentable oubli du fait d’attendre l’entente tendre 

Là, le glissement se meut plus qu’il ne ment et une touche concertante tente un ra…proche ment …encore en corps mentir …ma man amante concertante attisant dans l’action axiome de la langue engagement encore engage au lent ballant…battant la langue sertie d’un concert tôt …en tant que je l’entends dès le début du jeu… où je …suis un Néo   nageur pris dans les lames coulant l’âme des mots …démo de démontrer …ou alors…dés mots-dès… donc hasardeux… venant d’eux et de deux, un + un sans œufs et pour tant ab uovo …des maux-mots des mot-biens ….dans le blanc de la page s’élève un chant d’amour chantant au contour d’un lent gage…un cris d’aller-retour » Dans ce système, je déroule le sens pour une explication ou un essai de théorisation qui par glissement touche à la concertisation du langage. 



Née de la conférence, l’errance comme la différance avec un a de Derrida est un voyage sans but apparent, un chemin particulier un non-lieux …une non-place, celle du poète… ce créateur en deux espace-temps (poïésis et praxis) … 
1) l’acte de création considéré comme œuvre fulgurante éphémère nourrie par la visitation (image poétique primitive).
2) la trace, le poème, le tableau, l’installation, le système propositionnel comme œuvre pérennisable, bien que soumise à l’entropie. 
La conscientisation de l’éphémère est déterminante et rejoint la pensée philosophique
Heideggérienne de Être et temps (1927), le dasein relié au mit sein avec le Sein zum Tode comme souffle médian un peu particulier ayant pour substrat l’angoisse. 
La résilience du mal-être que l’angoisse génère est un art de vivre ...c’est « ce mal qui nous fait du bien » (c’est extra. (1968). L. Ferré)
Un très court extrait pour les hommes ayant encore une représentation romantique du désir.

Des cheveux qui tombent comme le soir
Et d'la musique en bas des reins
Ce jazz qui d'jazz dans le noir
Et ce mal qui nous fait du bien
C' est extra... (L.Ferré)

Et puis il y a Ghérasim Luca et son Apothème d’angoisse qui s’adresse à tous …il nous propose le véhicule du Sein zum Tode heideggérien en voici un court extrait
Le volume angoissant de l’angoisse 
s’obtient en angoisse en faisant angoisser l’angoisse angoissante de son côté angoissé 
c’est-à-dire en multipliant en angoisse trois fois angoissante par elle-même angoissée 
la longueur angoissée de son côté angoissant (G. Luca) 

Vous avez compris un peu comment ça marche
Ensuite c’est tout en rond en déroulé ou enroulé, on étire, on glisse … on vit
alors on va parler de l’origine… la naissance du temps et de l’espace…



« Question de L’homme-son (toujours le processus de mémoire) :
 l’âme, son âge est-il celui des étoiles ?
Cela sous-tend que le poète à la possibilité de les pécher.
Un acte traversant qui renvoie à la perception…la collecte en tant que leçon[5] de son. Mais comment faire car le son est absent de l’espace (pas de son sans support) ? Reste la poétique de la représentation : le mot, l’instrument, la corde, les cordes, le corps, les cors de la corne et du son… reste à considérer un espace mental… et la leçon devient une cueillette poétique (et là le son devient cueillette (lectio))
Percevoir pour comprendre Au risque de se perdre (roman de gare de Kathryn C. Hulme).
Comprendre ou essayer… en dépliant À rebours (J.K. Huysmans)mais jusqu’où ? Jusqu’à la première cause et au premier effet, mais qui est quoi ? C’est l’éternelle question de la poule et de l’œuf en remontant 13 ou 14 milliards d’années en un temps d’avant le temps ou bien évidemment il n’y avait ni poule ni œuf, mais sans doute des microformes étaient-elles présentes en potentialité : segments, ondulations, vibrations, cordes, rotondités …
Toujours est-il que ce moment qui n’en était pas un ou pas encore un, a eu lieu dans un non-lieu qui n’était pas encore un lieu. 

Boum ou bang, bref un grand boum sans son ou avec on ne sait pas… On se questionne car le son ne peut advenir qu’en se propageant à travers l’air, l’eau ou la matière solide, l’éclatement de celle-ci malgré son extrême concentration, permet-elle une propagation dans l’espace qui nait à cet instant sans air mais avec sans doute une infinité de particules. Le mystère demeure. On ne peut qu’émettre des hypothèses, c’est à dire moins que des propositions ou que des opinions…pas de positions, seulement des sous positions, c’est-à-dire de simples suppositions.

…Apre peau …à propos d’âge …de voie …de voile …en voilage 
À propos de voyage[6]
on voit   on voile et dévoile une voie ouverte où vers ses versets mouvants 
se toile    s’étoile  en mouvement le temps   gage dispersé dispense   distance  d’âge …
…évanescence  n’est sens     naissance     essence               
est-ce  aise  aisance  anse  en  sens c’est   encenser l’envoi du retour en voyage 
prendre voix au voyage au début du voyage
voix sans âge   voix en paille sans paix en page censée en cage
rendre sa voile à l’âge   voiler les sages années et sans T en partage 
dans l’environ des mages    des mages au M  ôté  
c’est le je cet autre âge qui nage dans le nœud  dans le feu 
de l’outrage 

À partir du grand boum c’est l’expansion et la complexification du processus… matière et antimatière évoluent vers les trous noirs et les galaxies …de grandes colonnes de gaz engendrent les étoiles qui vivent et meurent dans un éternel retour…des plus petites au plus grandes, des naines blanches aux géantes qui terminent en supernova où de troublant trous noirs inscrivent une poétique de l’espace-temps. On sait depuis peu, que la mort d’étoiles géantes permet la transmission du fer, ferment, semaille, semence… alors plus loin la vie qui pour nous a l’âge du soleil.
Le chaos semble nécessaire au développement des systèmes dans le ciel et sur la terre où les guerres et leurs génocides engendrent l’évolution. Ainsi succèdent à des drames, des résiliences permettant des avancées significatives.
Dans le tumulte de l’histoire, la figure de V. Khlebnikov (V.K) apparait avec sa phrase sans verbe : « mes frères les arbres mes sœurs les pierres » d’où émerge déjà son concept de poussière d’étoiles où tout  « existant » a le même âge réel, celui du soleil…Dès lors, s’impose la nécessité d’un méta-langage permettant une communication holistique entre : les humains de toutes cultures, mais aussi les animaux, les plantes, les arbres, les pierres, la pluie, les nuages, les rivières, la mer, le vent …

La création verbale apparait dans cette langue d’outre entendement que le futurien V.K et les futuristes Russes appellent ZAOUM.
Ha ! La création… sa crée sacrément vite… on a fait en quelques minutes un bond de plus de treize milliards d’années… Avec V.K, nous sommes dans les années 1920 alors, il suffit de faire un petit pas pour se retrouver ici et maintenant où nous pouvons commencer à nous connaître afin de pouvoir plus tard nous reconnaître. Regarder ensemble vers nos ascendances communes n’est pas une mauvaise chose, car de ce fait, nous sommes frères et sœurs et mon grand-père V.K est aussi le vôtre (lui qui souhaitait propager sa pensée sur les bosses d’un chameau d’Ispahan).
Ainsi les bosses du chameau reproduisent la lettre M (tout un symbole) : dans le son, c’est aimer… pour transmettre. C’est une nécessité vibratoire sonore musicale et philosophique, les ondulations ainsi parcourent à dos de chameau les espaces vierges que sont les déserts pour être vecteur du passage d’une poétique du vide…ou du plein…. « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles, enfin avec le flux nous fait voir trente voiles… » (Le cid. (1636). P. Corneille)

Encore le processus de mémoire où le temps n’est plus réellement le temps puisqu’il n’obéit plus à une chronologie. On pourrait dire que c’est un temps quantique que l’on peut arpenter en tous sens, superposer, alchimiser, retourner … Ainsi V.K , Corneille Diogène, Krishnamurti se rencontrent, Nietzsche et Spinoza déjeunent ensemble, Cicéron joue au tennis avec le général De Gaulle, Louis XIV défit Mr Couillard à la course à pied, Napoléon joue aux quilles avec Mr Pouliot pendant que Nathalie Roy danse le tango argentin avec Jack Lang …On l’aura compris, ce qui s’est accumulé dans la mémoire fait sa vie et la perception du phénomène est le maître d’œuvre de l’édifice, le chef d’orchestre et l’arrangeur, plus que le compositeur de l’œuvre qui se joue ( 25’).

Glissement philo-sophia   



Philosopher autrement …poésie et philosophie…en sciences humaines, il n’y a de vérité que celle du nombre (statistique). Peut-on parler de savoir ? Qu’est-ce que le bon sens ? L’éthique, le libre arbitre, le bien, le mal, le beau, le laid… « ça dépend...s’il y a du vent ? »
C’est quoi le vent ? quelque chose comme un souffle qui lève,levant… le souffle respire, inspire, expire, se meut et meut en tant qu’il déplace transporte, façonne, sculpte, arrache, caresse, transforme, ensemence la vie…c’est quoi la vie ? Au masculin un lavis ça coule, sa forme et transforme l’encre qui justement ne fixe pas, n’arrime pas comme celle des navires sur l’eau. Encore l’eau qui coule, alors encrer, c’est teinter par l’encre, coloration que l’eau coule sur le support. Mais est-il au-dessus du port ou supporte-il le port que l’on porte… On revient toujours au port dit-on …encore la dictature du on, qui est le sens populaire raillé par l’intellectuel qui pense être le seul à penser justement …le dé dans la pensée dé-pensée c’est-à-dire qui réalise une pensée défaite vers une défaite de la pensée…ce dé penseur dépense donc en comptant son savoir appris dans les livres… 

Un savoir à béquilles dans un jeu où les boules sont nombreuses et déboulent très vite, faisant voler les quilles des béquilles. « Le savoir est alors lame retournée » disait Bernard Noël (L’ombre du double, 1988). Une lame de mer, de couteau, de sable ou l’amas qui fend l’âme qui cherche à épouser le corps encore, c’est être en corps avoir ou être un corps le dasein de l’être-là au monde ? Comme un tout qui pense mais qui renie pourtant du moins sous certains angles le cogito de néné…René Descartes, qui peut être aimé en jouer …des cartes …cartomancien… quart tomme… homme ancien ou est l’être nouveau ? Le surhomme nietzschéen ressemble-t-il à l’homme augmenté ? Pour ma part, je garde le « deviens ce que tu es » non dans le sens initial lié à la volonté de puissance mais dans une interprétation spinosiste passant par le chemin qui traverse les niveaux d’existences et qui mène à l’essence, c’est-à dire à la conscience d’un peu d’éternité dans notre expérience de pensée. Ainsi, à chaque instant j’expérimente mon éternité disait Spinoza en repoussant les passions tristes en cultivant la joie et en la prolongeant continument dans la béatitude elle-même reliée à la substance qui est éternelle.

Alors, pourquoi proposer cette réflexion, cette théorisation décidée en forme de thèse et présentement comme on dit au Québec ou en Afrique francophone, en forme de conférence opéra ?
Cette conférence-opéra racontera une histoire, un conte existentiel à travers l’espace et le temps reliés à une vie d’homme en utilisant l’art du contrepoint de formes, c’est-à-dire une poésie plurielle conjuguée où l’étymologie sonore de la langue occupera une place importante.
Cette thèse sera ni plus ni moins qu’une pensée écrite dans un lieu par un individu à un moment de l’histoire, avec l’obligation de ne pas dire ce qui a déjà était dit. Le dire autrement ne suffit pas, faudra dire et proposer un autrement.
Donc l’individu (c’est moi) qui devient poète-pluriel, afin de réaliser la tâche qui lui incombe mais qu’il n’a pas décidé (Wittgenstein, 1889-1951), puisqu’elle s’est imposée à lui, est là  pour dire autre chose et d’une autre façon. 
L’originalité du poète-pluriel et de ses productions étant légitimées par son ipséité, son idiosyncrasie, il lui reste à inventer la forme en l’occurrence à magnifier la réunion des trois champs convoqués (imaginal, textuel et sonore) dans leur qualité autonome et complémentaire pour en faire une forme grosse de l’ensemble des champs et résonnant sur des points nodaux situés à l’intersection.

Par exemple, le geste qui produit un son instrumental dans l’interprétation d’un texte se trouve à ce moment précis sur trois champs en même temps (le sonore, le visuel et le textuel). C’est à partir de ce point que se conjugue le contrepoint qui savamment tisse et superpose, ouvre et chevauche les sens sensibles et sensés. L’ouïe flirte avec la vue et le mental interprète car le mot le nourrit. Ainsi l’intellect et la pure perception relevant du sensible (le sens et le sensible) cheminent de concert. Si on travaille également avec l’odorat pour proposer non des interprétations mais un état contemplatif (méditatoire), tout est réuni pour réussir à transmettre trans (traversé) mettre comme au service du passage un pont entre extérieur (ce qui nous dépasse mais qui entre en nous) et intérieur (un contenant aux potentialités sans limite… transcendance- immanence ou la transcendance de l’immanence ou encore l’immanence de la transcendance. On peut spéculer que c’est encore dans « l’entre » (le souffle médian rendant possible la communion de ses 2 états) que survient la visitation de l’image poétique primitive. L’exemple précédent doit être déplié car on pourrait penser que ce qui est raconté n’a rien d’original. On trouve cela chez les bateleurs, les saltimbanques (ceux qui sautent sur le banc) qui souvent émettent geste musique et textualité dans le même exercice. Certes, il y a texte et texte, musique et musique, geste et geste.

Mais plus que ça, imaginons que la pièce présentée propose un texte poétique en même temps qu’une musique qui aurait sa propre histoire pendant que les gestes la produisant seraient donnés à voir comme dans le concept musique à regarder. Imaginons ensuite que le contrapuntiste déplace les temporalités et fasse entendre ou voir certaines actions pour leur force propre et les organise de manière évolutive afin qu’un son soit par exemple associé à un phonème ; on obtiendra une réunion syncrétique musique mot-son qui permettra une certaine dramatisation de la langue ou au contraire selon la hauteur, le rythme, un côté amusant voire comique.

Effet dramatique :
« Toi qui es dans mon tu    mon présent est une pierre tu   la jette dans mes yeux la page de verre monte le visage éclate dedans je tète le blanc…le linge du regard volé le lit du   temps coule au milieu de la bouche qu’est-ce que la vie ? Ta langue brûle l’œil elle coule dans ta lumière tu…  tends ta main de poussière.
Trop de terre sous les ongles encore un peu de rien dans le mot corps quelqu’un rampe là-bas hors     de ma face »(l’ombre du double 1968 B. Noël).

Effet humoristique :

La ville entrechoquée (tout ou partie)
Censé  être, c’est  paître  et  saucer
s’ensuit  sans  suite  sens  fuite
se  sent  se  cite  ceci  s’ouït s’use  sangsue  sous  su  ce suc  
sous-sursis   sur-souci 

si si  si  se  suce se  suscite  sur-cite  
s’excite  surexcite 
est-ce  esse  sous  sa  sauce-sang 
suite     se  sise     se   scinde  sur  ses  sous-sueurs 
souci sur ses sens  
essence  et  ciel  de  sel 
essentiel  de  sucer  ses  seins  sains  
sont  à  sens  à bon  sens  
à  bon  sang  que  c’est  sain  de  saucer  dans  l’essaim  
de  ces  cinq    sens


De même, associer un son à un geste comme la langue des signes qui cumule pour une meilleure compréhension de l’énoncé un geste et une articulation labiale dans la langue maternelle de « l’auditoire » produira un effet spectaculaire, une sorte de chorégraphie systémique.
 (Petite chorégraphie improvisée en langue des signes)

Si maintenant certains gestes musicaux sont présentés sans le son nous obtenons une musique du silence, (Enregistrer la phrase précédente et la diffuser dans le mime du texte qui suit)  
Un texte articulé dans la bouche mais qui resterait silencieux pour prendre son plus loin (émergeant par exemple d’un objet sculptural). Ce procédé rendu possible par la technologie numérique, permet une nouvelle forme d’impression comprise entre rêve et réalité. 

En mettant en scène les déplacements de temporalité obtenus par l’orchestration en temps réel piloté par des mémoires numériques, nous pouvons prétendre à une orchestration générale, celle des formes entre elles qui se tissent comme les ensembles d’un orchestre (bois, cuivres, cordes, percussions…). 

Ouvrir l’intérieur, percer le fond, atteindre l’essence, le substrat et y établir un pont entre l’individu (comme contenant d’un micro-univers) et le cosmos dans sa dimension non mesurable puisqu’il est en perpétuelle extension. 
Un pont vers les étoiles ou une paille pour téter l’azur, celui peut-être dont rêvait Mallarmé dans Le mendieur d’azur. Ainsi révélée, la création que l’on contemple devient une autocréation, celle de sa propre perception du processus et de la force qu’il véhicule.
Ceci nécessite une perception autre en pleine conscience d’une artification nécessaire.
Une « écoute » holiste du monde en pratiquant par filtrage, cadrage, échelle, une organisation entre l’écoute provoquée (celle composée ou proposée) et l’écoute naturelle (prise en compte de l’environnement bio et géophonique).
L’écriture doit aussi être créative dans l’approche conceptuelle et dans sa réception. Il y a des précédents en la matière, notamment chez les oulipiens mais déjà chez Brisset, Khlebnikov et quelques autres. On peut penser que tout a déjà été fait, mais pas dans le même geste, la différence est là, en conscience…pouvoir regarder un tableau qui parle et qui résonne (raisonne), qui a une odeur de fleur ou de fumée qui quelquefois inclus l’écriture pour sa plastique et pour ses sens multiples… vers une sémiotique herméneutisable à l’infini, c’est le secret de la perception du contrepoint de formes où chaque fragment (tableau, sculpture, texte, musique) est autonome et complémentaire. Lorsqu’ils sont reliés (opérant) dans la même temporalité ils constituent une œuvre mère en perpétuelle évolution.


Je marche, je traverse un champ, celui de mon existence, je le matérialise par une terre sauvage (terrain vague) mais accueillante. Elle est vallonnée, les collines ou mornes dessinent par contours un paysage de fantaisie, le ciel se découpe, il est changeant…Carré bleu, nuage blanc, nuances de gris orangé, rose puis plus foncé, la pluie tombe quelquefois inscrivant des cours : rus, ruisseaux, rivières et derrière les mornes…des anses qui abritent la mer.
J’avance sur le chemin, je change d’aspect, je traverse les âges de ma vie et ceux de l’univers. Mon corps en raconte l’histoire, il est une représentation de la création ramassée en une vie d’homme.
Mais tout y est : l’expansion, l’entropie, les événements marquants provoqués par les causes, les chocs et les résonnances qui les suivent…les cadres qui s’accrochent à la mémoire ne sont pas des tableaux mais des fenêtres ouvertes sur les étoiles…un regard traversant nous est permis si on le chevauche comme font les magiciens lorsqu’ils enfourchent la queue d’une commette, nous voyageons bien plus vite que la lumière pour tromper l’immobilité ambiante.

Questionnons le thème central de la Conférence-Opéra, avec tous ses concepts.
Nous voyons qu’il s’agit d’un voyage … dans le processus de mémoire …et celui-ci approfondit nos interrogations majeures existentiales plus qu’existentielles, sur le temps, l’espace et ce qui nous relie d’une manière holiste à la totalité du monde par la matière qui nous constitue particulairement. L’agencement temporel nous fait unique alors que nos multiples recomposables nous font éternel, appartenant au grand tout, cette substance incréée que Spinoza appelait Dieu.

Il me semble important de convoquer ici, la mémoire de gens simples dont l’histoire n’a pas retenu le nom mais qui pourtant ont contribué à son avancement, sa compréhension autant que les penseurs adoubés par l’académie… Je souhaite mettre en lumière Fernand et Pierrot deux passeurs de tradition dont l’engagement reste vif et nourricier dans ce qui fait ma singularité de poète. Fernand et Pierrot transmettaient le savoir des charbonniers italiens qui vivaient en Cévennes et dont le savoir-faire avait disparu avec eux.
J’avais longuement travaillé en Cévennes comme poète dans le cadre des Mémoires à partager, et lorsque quelques années plus tard j’appris la mort de Pierrot, le dernier « passeur », j’ai écrit un texte que je suis allé dire pour ses funérailles.
Le voici :

…à Pierrot …à Fernand


  Charbon
fumée
bois
coupe
terre…
creuser
souffler
respirer



un trou
des couleurs
du feu …plus loin les braises …puis le noir… le  gris
la fumée encore et toujours …et la cabane
la hutte de branchages chaque année sans cesse    sans relâche
construire allumer surveiller  attendre et découvrir doucement
pour récolter le charbon que le bois
lorsqu’on apprend à le lui demander avec le respect dû à son essence
peut nous donner pour améliorer notre confort…
chauffer…. cuire
mais il y a longtemps que le temps a soufflé sur l’histoire …que reste-t-il aujourd’hui en ce lieu devenu jardin porté par Arc’Avène
…le fruit d’un sauvetage ….un coin de campagne restauré entretenu un axe permettant …la transmission   d’un savoir être …
un passage vers l’avenir
porté par la mémoire que l’on souhaite offrir en partage comme un acquis
un trésor préservé mais néanmoins nouveau car
la mémoire n’est pas chronologique
elle n’est pas objective
la mémoire demeure profondément infidèle mais les mutations qu’elle opère dans son impermanence sont créatives de richesses et servent l’évolution
dans l’alchimie des neurones elle évolue au contact des souvenirs proches et plus lointains qui se côtoient   s’attendent     s’épousent ou se rejettent …
par ses actions qui sans cesse travaillent en son sein
elle se réaffute
elle rajeunie
elle avance et quelquefois semble s’oublier dans les plis de l’histoire
alors elle trébuche
entre la pierre et l’eau…

   entre la pierre et l’eau Pierrot
   Pi- R -O
entre l’entre des pierres aux marges de la terre le pis libère l’eau …
Pierrot

 entre la pierre et l’eau Pierrot…  il y a le feu
 c’est tard lorsqu’il s’éteint….
 lorsqu’il se noie dans l’eau…
 c’est tôt


étrangement le son de ce vocable sert dans notre langue à désigner celui qui est passé…. feu Pierrot
dans la chair  il y a du sang   il y a du fer il y a du temps  ….  Il y a des ans des…cen….dant  ….
Il y a du fer   il y a du vent en fermant   
dans Fernand

Pierrot l’ancien le brave le vaillant tu avais su garder ton cœur d’enfant ton sourire et ton humeur joueuse tes yeux pétillants de malice dont le regard filtré volontiers à travers les branchages...c’est sans doute pour cela que Fernand le maître du feu  le premier passeur t’avait choisi percevant en toi la pureté et la force claire nécessaire à l’accomplissement de la tâche celle au combien noble d’être un vecteur vers le futur…. 
oui Pierrot devenir à ton tour pour un temps le passeur 
nourrissant la mémoire de cet acte essentiel que la vie perpétue 
afin de pouvoir continuer à inventer de la différence

…. il est  un poète du côté de Toulouse qui raconte en dessinant   une histoire qui est un peu la tienne … celle de tous les passeurs…
Fred, c’est son nom   dit que lorsque l’automne vient immanquablement
chaque-fois que la ronde recommence    lorsque les feuilles changent de teintes puis tombent pour le bonheur des rêveurs laissant les arbres retrouver leurs formes et s’allier aux nuages pour sculpter le ciel
il en est une seule qui reste accrochée à une branche     celle-ci est fort précieuse car elle est la feuille qui doit passer l’hiver ….son rôle est d’observer afin de pouvoir lorsque reviendra le printemps  raconter le cycle des saisons à toutes les feuilles naissantes.

Fernand était cette feuille et tu as pris sa suite pour toi aussi devenir à ton tour la feuille qui devait passer l’hiver.

alors je regarde vers les arbres vers la forêt vers la colline vers le ciel où les contours se dessinent essayant de chercher la nouvelle élue… la nouvelle feuille … aujourd’hui  c’est un rameau qui en ce jardin a pris le flambeau permettant quese perpétue cette belle histoire.


et le fer de Fernand c’est celui des supernovas qui implosent et implosent encore rendant leurs molécules chaque fois plus denses jusqu’à atteindre la molécule de fer c’est-à-dire la plus lourde qu’elles puissent produire 
alors les supernovas n’ont plus besoin d’imploser pour s’en aller… cette fois elles explosent rependant dans toute  la galaxie le fer sans lequel la vie ne pourrait advenir
ainsi la mort d’une étoile géante permet la naissance du processus de création qui semble tant il nous dépasse sortir du corps de Dieu


il y a du fer dans Fernand   dans Pierrot il y a de l’eau

il y a de l’eau dans ton prénom Pierrot …… un prénom qui commence par une pierre …une pierre de lune… c’est-à-dire un fragment de terre …c’est-à-dire un fragment de soleil… c’est à dire un fragment d’infini

Fernand et Pierrot nous regardent de leur ciel d’éternité 

essayons d’en être dignes.


Nécessité à ce stade de commenter deux termes qui pourraient si on les redéfinit s’avérer déterminant : Humanitude et Artification :



Humanitude, un concept récent :
Freddy Klopfenstein (1980), Albert Jacquard (1987) « afin que chacun soit davantage capable de se mettre à l'écoute d'autrui…». Yves Gineste et Rosette Marescotti s’approprient le terme en 1995. Appliquée aux soins, cette philosophie revendique le « vivre et mourir debout », c'est-à-dire l'autonomie des patients par la réadaptation, le maintien ou l'amélioration de leur santé, voire leur accompagnement jusqu'à la mort (Gineste et Pellissier, 2008).
Il est fondamental de relier ce concept à la notion d’attachement inconditionnel à l’élément naturel, car se mettre à l’écoute réelle d’autrui nécessite de le faire en conscience de ce qui nous garde vivant. Sans respecter l’air que nous respirons ou l’eau que nous buvons, le concept devient obsolète et air et eau dépendent d’un écosystème méprisé et fortement dégradé par la cupidité des hommes. Humanitude renvoie à humanité et celle-ci n’est possible que dans la préservation de la nature…





Artification, un mot récent :
On trouve l’origine de l’application de ce mot dans la position du dandy Marcel Duchamp et de son concept de readymade …. Mystification de l’hérésie que constitue le marché de l’art, mais aussi justification et légitimation appliquées à l’art, de la formule de Nietzsche « Dieu est mort…». Entendre ici l’art (en tant que création) est mort… Désormais est artiste celui qui est capable de prouver au monde qu’il en est un… Le pendant contemporain de la posture duchampienne est protéiforme, son plus fidèle représentant étant Koon… Mais artification peut aussi s’entendre philosophiquement dans le sens contraire de percevoir ce qui survient ou plus exactement ce que l’on considère par un état de conscience comme œuvre d’art. Je prends comme exemple tous les phénomènes naturels, tous les "étants". L’artification s’opère par la perception organisée de l’observateur dont les sens combinés composent l’œuvre d’art (l’art n’est pas mort[7], il est partout), une posture qui rejoint le point de vue de John Cage : tout est musique pour celui qui sait écouter.



sonographie 3   

sol seul
sol er ass dans danss
si to si tu ass
sis tèm dèm
el a bil li a bi hi ta il sta el
il lui a san tsa dèl sta èl diss
elssa za éma va ver névaki méssé ba der némo dor do don bre nomb il va sévi démen davandavivu sombr en
vie d’évidement d’amants vides
il  lui dèl   èl sit   restitusesit se situ son  èl  za
si ta sè te sur se sa to satisitasètesitosituass
sis tèm dèm dam dèm

Si il  so el  sil sol  sur si  se tu  ce si  te tu  se si tu  se la se lasse   sa lasse la s’enlace     sil sol se si tu so lasss     systèm d’M j’tem
sol en sol R en sol  assssssssssé d’sa
averse ment     inverse ment     verse dans la     verse sol ère
insterstellairement mondain monde-insecte-humain
secte humaine humide    lit de lie   qui de lu…minescence liquide lie  l’acquit de tour     cantique à tics aqueux   quoi ?
retour à vie aqua…tique minérale
mi mine de rat s’enlise 
ra mi né dans râle émis et rit mais rimé lime élimée 
ravit l’arrêt miré dans émirat du rai du mets durable dur à durer au ras  du A 
qu’hisse lisse visse et vise 
les lys d’apparats appâts rares des pas lisses qui     paralysent les mises
ce ravi sévisse sera d’avis qui se ravise c’est 
saki saïki saka sakeu saké tsé 
c’est ça qui dans ce peu de cas d’éclipse lie
ses acquis-danse  denrée-ellipse d’où  E  glisse sans  PE  alors
ALISÉ sort et souffle puis 
touffe de râle enferre le sens par liens de boue liant apport de flou
elle noie le bord du tout et bois l’essence des fous vissant dessus dessous 
son action de diction  addition sur ses ter qu’éthère loin et plus 
d’éclairs en point de lu ne  lumière d’terre  qu’ferre l’ère père des perles  
qu’alterne et plie en serres d’pluie  ce lit que de nuit ce cri puise puis 
cet amer pli de mer épuise l’état mère d’âme grise
ce puits sali tas de stries d’ères-crise   s’brise
en coin sans mise au point sens fin feint d’être moins 
pris par l’affaire ferme il   ferme ce   cerne terme terne qui   s’lie et s’oint 
puis d’loin s’altère d’soins de plus ou d’bien point lu  cru de vue nue 
sous pierre plu… loin 
poussière


Voies parallèles
triptyque voyage n°4 (contrepoint à trois voix)[8]



parallèle   écartèle  à pas ras             
et  tant dû dans la nuit
elle que le pluriel honnit
en amont     
en son chant                     
apparence

apparat  à l’écart                     
l’aile rapport       
para venue du zèle   
qui répand au giron          
qu’amoncellent  les champs  sons                                                                      
…pardi

apparent  tel est l’apport                            
pluie au-delà                                  
suspens d’une hirondelle                             
ses nids ronds  paradis agiront                 
l’air du temps                          
épellera ton nom

parallèle
apparat   apparent   écartèle
à l’écart à pas ras 
tel est l’aile et  l’apport 
rapport  tant dû   para   pluie dans la nuit venue  
elle au-delà du zèle  que le pluriel suspens
d’une hirondelle honnie
qui répand ses nids rond 
au giron paradis 
qu’amoncellent en amont 
les champs - sons agiront  
en son chant  l’air du temps
... apparence....pardi 
épellera ton nom 





[8] Extrait du recueil Par la fenêtre déroulée. Joule,A .(2005) … ensemble de textes poétiques réalisés pour le projet « train de culture » …une interrogation sur le voyage à la rencontre d’une culture inscrite dans les strates du temps et dont le chant du train révèle les stigmates cachés  dans  la mémoire du bassin houiller alésien.

[7] Après Nietzsche qui avait déclaré la mort de Dieu, Duchamp déclara la mort de l’art.

[6] Extrait du poème : à propos de voyage, A.Joule 1980.

[5] Latin lectionem, accusatif de lectio "cueillette", "choix, élection, tri", "lecture, ce que l'on lit, texte". 

[4] Extrait de Maman (1980) poème par déroulement de Alain Joule (Le Mot à Mort).  Maman s’apparente au terme créole Mammamlo, fusionnant la mer et la mère pour remonter plus loin dans nos origines.

[3] Sens contre Sens (1987) musique à regarder de Alain Joule.

[2] Extrait du poème l’amertume (1980)  Alain Joule.


[1] Un concept fondamental du Contrepoint De Formes (CDF).

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